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connaissance, j’écrivis, en tête de la première édition du drame la Dame aux Camélias, les lignes suivantes, que je réimprime avec plaisir au moment où madame Doche vient de reprendre le rôle de Marguerite avec le même talent qu’autrefois :

« Madame Doche a incarne le rôle de telle façon, que son nom est à jamais inséparable du titre de la pièce. Il fallait toute la distinction, toute la grâce, toute la fantaisie qu’elle a montrées sans effort pour que le type difficile et franc de Marguerite Gautier fût accepté sans discussion. Rien qu’en voyant paraître l’actrice, le spectateur s’est senti prêt à tout pardonner à l’héroïne. Je ne crois pas qu’une autre personne, à quelque théâtre qu’elle appartînt et quelque talent qu’elle eût, aurait pu, comme elle, réunir toutes les sympathies autour de cette nouvelle création. Gaieté fine, élégante, nerveuse, abandon familier, câlinerie mélancolique, dévouement, passion, résignation, douleur, extase, sérénité, pudeur dans la mort, rien ne lui a manqué, sans compter la jeunesse, l’éclat, la beauté, le brio, qui devaient compléter le rôle et qui en sont le corps et la plastique indispensables. Il n’y a pas eu un conseil à lui donner, pas une observation à lui faire ; c’est au point qu’en jouant le rôle de cette façon elle avait l’air de l’avoir écrit. Une pareille artiste n’est plus un interprète, c’est un collaborateur. »

Maintenant, avais-je ou n’avais-je pas, moralement,

    ment français croit-il avoir de bonnes raisons à donner pour expliquer politiquement ses rigueurs. Quelles raisons pourrait donner le gouvernement anglais qui ne veut laisser représenter Ruy Blas, à Londres, que si Ruy Blas est majordome au lieu d’être laquais, et si la reine est veuve au lieu d’être mariée (sic) ? Ce qui est bien flatteur pour la reine d’Angleterre, qui est veuve !