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patience. Mais, tout à l’heure, avec Nanine ne me condamnait-il pas ? Je l’ai entendu, il disait que j’étais bien mal. Bien mal ! c’est encore de l’espoir, c’est encore quelques mois à vivre, et, si, pendant ce temps, Armand revenait, je serais sauvée. Le premier jour de l’année, c’est bien le moins qu’on espère. D’ailleurs, j’ai toute ma raison. Si j’étais en danger réel, Gaston n’aurait pas le courage de rire à mon chevet, comme il faisait tout à l’heure. Le médecin ne me quitterait pas. (À la fenêtre.) Quelle joie dans les familles ! Oh ! le bel enfant, qui rit et gambade en tenant ses jouets, je voudrais embrasser cet enfant.



Scène VII

NANINE, MARGUERITE.
Nanine, venant à Marguerite, après avoir déposé sur la cheminée l’argent qu’elle apporte.

Madame…

Marguerite.

Qu’as-tu, Nanine ?

Nanine.

Vous vous sentez mieux aujourd’hui, n’est-ce pas ?

Marguerite.

Oui ; pourquoi ?

Nanine.

Promettez-moi d’être calme.

Marguerite.

Mais qu’arrive-t-il ?

Nanine.

J’ai voulu vous prévenir… une joie trop brusque est si difficile à porter !

Marguerite.

Une joie, dis-tu ?