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si grand besoin, disait-elle… Il nous en faut cependant ; il y a des étrennes à donner. Prends ce bracelet qu’on vient de m’envoyer, va le vendre et reviens vite.

Nanine.

Mais pendant ce temps…

Marguerite.

Je puis rester seule, je n’aurai besoin de rien ; d’ailleurs, tu ne seras pas longtemps, tu connais le chemin du marchand ; il m’a assez acheté depuis trois mois.

Nanine sort.



Scène VI

MARGUERITE, lisant une lettre qu’elle prend dans son sein.

« Madame, j’ai appris le duel d’Armand et de M. de Varville, non par mon fils, car il est parti sans même venir m’embrasser. Le croiriez-vous, madame ? je vous accusais de ce duel et de ce départ. Grâce à Dieu, M. de Varville est déjà hors de danger, et je sais tout. Vous avez tenu votre serment au delà même de vos forces, et toutes ces secousses ont ébranlé votre santé. J’écris toute la vérité à Armand. Il est loin, mais il reviendra vous demander non seulement son pardon, mais le mien, car j’ai été forcé de vous faire du mal et je veux le réparer. Soignez-vous bien, espérez ; votre courage et votre abnégation méritent un meilleur avenir ; vous l’aurez, c’est moi qui vous le promets. En attendant, recevez l’assurance de mes sentiments de sympathie, d’estime et de dévouement. — Georges Duval. — 15 novembre. » Voilà six semaines que le père d’Armand m’a écrit cette lettre et que je la relis sans cesse pour me rendre un peu de courage. Si je recevais seulement un mot d’Armand, si je pouvais atteindre au printemps ! (Elle se lève et se regarde dans la glace.) Comme je suis changée ! Cependant le docteur m’a promis de me guérir. J’aurai