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Marguerite.

Portez-lui tous ces bonbons, à cette chère enfant ; il y a longtemps que je n’en mange plus, moi ! (À Nanine.) Voilà tout ce que tu as ?

Nanine.

J’ai une lettre.

Marguerite.

Qui peut m’écrire ? (Prenant la lettre et l’ouvrant.) Descends ce paquet dans la voiture du docteur. (Lisant.) « Ma bonne Marguerite, je suis allée vingt fois pour te voir, et je n’ai jamais été reçue ; cependant je ne veux pas que tu manques au fait le plus heureux de ma vie ; je me marie le 1er janvier : c’est le cadeau de nouvelle année que Gustave me gardait ; j’espère que tu ne seras pas la dernière à assister à la cérémonie, cérémonie bien simple, bien humble, et qui aura lieu à neuf heures du matin, dans la chapelle de Sainte-Thérèse, à l’église de la Madeleine. — Je t’embrasse de toute la force d’un cœur heureux. Nichette. » Il y aura donc du bonheur pour tout le monde, excepté pour moi ! Allons, je suis une ingrate. — Docteur, fermez cette fenêtre, j’ai froid, et donnez-moi de quoi écrire.

Elle laisse tomber sa tête dans ses mains ; le docteur prend l’encrier sur la cheminée et donne le buvard à Marguerite.

Nanine, bas, au docteur, quand il s’est éloigné.

Eh bien, docteur ?…

Le docteur, secouant la tête.

Elle est bien mal !

Marguerite, à part.

Ils croient que je ne les entends pas… (Haut.) Docteur, rendez-moi le service, en vous en allant, de remettre cette lettre à l’église où se marie Nichette, et recommandez qu’on ne la lui remette qu’après la cérémonie. (Elle