Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Marguerite.

Oui.

Gaston.

J’étais né pour être garde-malade.

Marguerite.

Où est donc Nanine ?

Gaston.

Elle dort. Quand je suis venu sur les onze heures du soir, pour savoir de tes nouvelles, la pauvre fille tombait de fatigue ; moi, au contraire, j’étais tout éveillé. Tu dormais déjà… Je lui ai dit d’aller se coucher. Je me suis mis là, sur le canapé, près du feu, et j’ai fort bien passé la nuit. Cela me faisait du bien, de t’entendre dormir ; il me semblait que je dormais moi-même. Comment te sens-tu ce matin ?

Marguerite.

Bien, mon brave Gaston ; mais à quoi bon vous fatiguer ainsi ?…

Gaston.

Je passe assez de nuits au bal… quand j’en passerais quelques-unes à veiller une malade ! — Et puis j’avais quelque chose à te dire.

Marguerite.

Que voulez-vous me dire ?

Gaston.

Tu es gênée ?

Marguerite.

Comment gênée ?

Gaston.

Oui, tu as besoin d’argent. Quand je suis venu hier, j’ai vu un huissier dans le salon. Je l’ai mis à la porte, en le payant. Mais ce n’est pas tout ; il n’y a pas d’argent ici, et il faut qu’il y en ait. Moi, je n’en ai pas beaucoup. J’ai perdu pas mal au jeu, et j’ai fait un tas d’emplettes inutiles pour le premier de l’an. (Il l’embrasse.) Et