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arrivé à ses fins, il lui a rendu ses chevaux, ses bijoux, — tout son luxe d’autrefois !… Pour heureuse, elle est heureuse.

Armand.

Et elle est revenue à Paris ?

Prudence.

Naturellement… Elle n’a jamais voulu retourner à Auteuil, mon cher, depuis que vous en êtes parti. C’est moi qui suis allée y chercher toutes ses affaires, et même les vôtres. Cela me fait penser que j’ai des objets à vous remettre ; vous les ferez prendre chez moi. Il n’y a qu’un petit portefeuille avec votre chiffre, que Marguerite a voulu prendre ; si vous y tenez, je le lui redemanderai.

Armand, avec émotion.

Qu’elle le garde !

Prudence.

Du reste, je ne l’ai jamais vue comme elle est maintenant ; elle ne dort presque plus ; elle court les bals, elle passe les nuits. Dernièrement, après un souper, elle est restée trois jours au lit, et, quand le médecin lui a permis de se lever, elle a recommencé, au risque d’en mourir. Si cela continue, elle n’ira pas loin. Comptez-vous aller la voir ?

Armand.

Non, je compte même éviter toute espèce d’explications. Le passé est mort d’apoplexie, que Dieu ait son âme, s’il en avait une !

Prudence.

Allons ! vous êtes raisonnable, j’en suis enchantée.

Armand, apercevant Gustave.

Ma chère Prudence, voici un de mes amis, à qui j’ai quelque chose à dire ; vous permettez ?

Prudence.

Comment donc ! (Elle va au jeu.) Je fais dix francs !