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c’est à elle que je veux sacrifier mon bonheur, vous lui direz qu’il y avait quelque part une femme qui n’avait plus qu’une espérance, qu’une pensée, qu’un rêve dans ce monde, et qu’à l’invocation de son nom cette femme a renoncé à tout cela, a broyé son cœur entre ses mains et en est morte, car j’en mourrai, monsieur, et peut-être, alors, Dieu me pardonnera-t-il.

M. Duval, ému malgré lui.

Pauvre femme !

Marguerite.

Vous me plaignez, monsieur, et vous pleurez, je crois ; merci pour ces larmes ; elles me feront forte aussi forte que vous le voulez. Vous demandez que je me sépare de votre fils pour son repos, pour son honneur, pour son avenir ; que faut-il faire ? Ordonnez, je suis prête.

M. Duval.

Il faut lui dire que vous ne l’aimez plus.

Marguerite, souriant avec tristesse.

Il ne me croira pas.

M. Duval.

Il faut partir.

Marguerite.

Il me suivra.

M. Duval.

Alors…

Marguerite.

Voyons, monsieur, croyez-vous que j’aime Armand… que je l’aime d’un amour désintéressé ?

M. Duval.

Oui, Marguerite.

Marguerite.

Croyez-vous que j’avais mis dans cet amour la joie et le pardon de ma vie ?

M. Duval.

Je le crois.