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Marguerite.

Je vous remercie de vos bonnes paroles, monsieur.

M. Duval.

Aussi, est-ce au nom de ces nobles sentiments que je vais vous demander de donner à Armand la plus grande preuve d’amour que vous puissiez lui donner.

Marguerite.

Oh ! monsieur, taisez-vous, je vous en supplie ; vous allez me demander quelque chose de terrible, d’autant plus terrible, que je l’ai toujours prévu ; vous deviez arriver ; j’étais trop heureuse.

M. Duval.

Je ne suis plus irrité, nous causons comme deux cœurs honnêtes, ayant la même affection dans des sens différents, et jaloux tous les deux, n’est-ce pas, de prouver cette affection à celui qui nous est cher.

Marguerite.

Oui, monsieur, oui.

M. Duval.

Votre âme a des générosités inaccessibles à bien des femmes ; aussi est-ce comme un père que je vous parle, Marguerite, comme un père qui vient vous demander le bonheur de ses deux enfants.

Marguerite.

De ses deux enfants ?

M. Duval.

Oui, Marguerite, de ses deux enfants. J’ai une fille, jeune, belle, pure comme un ange. Elle aime un jeune homme, et, elle aussi, elle a fait de cet amour l’espoir de sa vie ; mais elle a droit à cet amour. Je vais la marier ; je l’avais écrit à Armand, mais Armand, tout à vous, n’a pas même reçu mes lettres ; j’aurais pu mourir sans qu’il le sût. Eh bien, ma fille, ma Blanche bien-aimée épouse un honnête homme ; elle entre dans une famille hono-