Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Marguerite.

Qui peut m’écrire à cette heure ? (Ouvrant la lettre.) Armand ! Qu’est-ce que cela signifie ?… (Lisant.) « Il ne me convient pas de jouer un rôle ridicule, même auprès de la femme que j’aime. Au moment où je sortais de chez vous, M. le comte de Giray y entrait. Je n’ai ni l’âge ni le caractère de Saint-Gaudens ; pardonnez-moi le seul tort que j’aie, celui de ne pas être millionnaire, et oublions tous deux que nous nous sommes connus, et qu’un instant nous avons cru nous aimer. Quand vous recevrez cette lettre, j’aurai déjà quitté Paris. Armand. »

Nanine.

Madame répondra ?

Marguerite.

Non ; dis que c’est bien.

Nanine sort.



Scène VIII

LE COMTE, MARGUERITE.
Marguerite, à elle-même.

Allons, voilà un rêve évanoui ! C’est dommage !

Le comte.

Qu’est-ce que c’est que cette lettre ?

Marguerite.

Ce que c’est, mon cher ami ? C’est une bonne nouvelle pour vous.

Le comte.

Comment ?

Marguerite.

Vous gagnez quinze mille francs, par cette lettre-là !

Le comte.

C’est la première qui m’en rapporte autant.