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et les visitassent. Je me rendis au cimetière, en me disant : A la seule inspection de la tombe de Marguerite, je verrai bien si la douleur d’Armand existe encore, et j’apprendrai peut-être ce qu’il est devenu.

J’entrai dans la loge du gardien, et je lui demandai si le 22 du mois de février une femme nommée Marguerite Gautier n’avait pas été enterrée au cimetière Montmartre.

Cet homme feuilleta un gros livre où sont inscrits et numérotés tous ceux qui entrent dans ce dernier asile, et me répondit qu’en effet le 22 février, à midi, une femme de ce nom avait été inhumée.

Je le priai de me faire conduire à la tombe, car il n’y a pas moyen de se reconnaître, sans cicérone, dans cette ville des morts qui a ses rues comme la ville des vivants. Le gardien appela un jardinier à qui il donna les indications nécessaires et qui l’interrompit en disant :“ Je sais, je sais…

— Oh ! la tombe est bien facile à reconnaître, continua-t-il en se tournant vers moi.

— Pourquoi ? lui dis-je.

— Parce qu’elle a des fleurs bien différentes des autres.

— C’est vous qui en prenez soin ?

— Oui, monsieur, et je voudrais que tous les parents