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quelque chose, car si je mettais de côté le moindre objet pour vous et qu’on l’apprît, on serait capable de vous attaquer en détournement d’objets saisis.

» Triste vie que celle que je quitte !

» Que Dieu serait bon, s’il permettait que je vous revisse avant de mourir ! Selon toutes probabilités, adieu, mon ami ; pardonnez-moi si je ne vous en écris pas plus long, mais ceux qui disent qu’ils me guériront m’épuisent de saignées, et ma main se refuse à écrire davantage.

            » MARGUERITE GAUTIER »

En effet, les derniers mots étaient à peine lisibles.

Je rendis cette lettre à Armand qui venait de la relire sans doute dans sa pensée comme moi je l’avais lue sur le papier, car il me dit en le reprenant :

— Qui croirait jamais que c’est une fille entretenue qui a écrit cela ! et tout ému de ses souvenirs, il considéra quelque temps l’écriture de cette lettre qu’il finit par porter à ses lèvres.

— Et quand je pense, reprit-il, que celle-ci est morte sans que j’aie pu la revoir et que je ne la reverrai jamais ; quand je pense qu’elle a fait pour