malheureux pour quelque temps, mais guéri pour jamais.
» — Vous êtes une noble fille, répliqua votre père en m’embrassant sur le front, et vous tentez une chose dont Dieu vous tiendra compte ; mais je crains bien que vous n’obteniez rien de mon fils.
» — Oh ! soyez tranquille, monsieur, il me haïra.
» Il fallait entre nous une barrière infranchissable, pour l’un comme pour l’autre.
» J’écrivis à Prudence que j’acceptais les propositions de M. le comte de N… et qu’elle allât lui dire que je souperais avec elle et lui.
» Je cachetai la lettre, et sans lui dire ce qu’elle renfermait, je priai votre père de la faire remettre à son adresse en arrivant à Paris.
» Il me demanda néanmoins ce qu’elle contenait.
» — C’est le bonheur de votre fils, lui répondis-je.
» Votre père m’embrassa une dernière fois. Je sentis sur mon front deux larmes de reconnaissance qui furent comme le baptême de mes fautes d’autrefois, et au moment où je venais de consentir à me livrer à un autre homme, je rayonnai d’orgueil en songeant à ce que je rachetais par cette nouvelle faute.
» C’était bien naturel, Armand ; vous m’aviez dit