Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/376

Cette page n’a pas encore été corrigée

jusqu’alors. Quand je songeais qu’un jour ce vieillard, qui m’implorait pour l’avenir de son fils, dirait à sa fille de mêler mon nom à ses prières, comme le nom d’une mystérieuse amie, je me transformais et j’étais fière de moi.

» L’exaltation du moment exagérait peut-être la vérité de ces impressions ; mais voilà ce que j’éprouvais, ami, et ces sentiments nouveaux faisaient taire les conseils que me donnait le souvenir des jours heureux passés avec vous.

» — C’est bien, monsieur, dis-je à votre père en essuyant mes larmes. Croyez-vous que j’aime votre fils ?

» — Oui, me dit M. Duval.

» — D’un amour désintéressé ?

» — Oui.

» — Croyez-vous que j’avais fait de cet amour l’espoir, le rêve et le pardon de ma vie ?

» — Fermement.

» — Eh bien, monsieur, embrassez-moi une fois comme vous embrasseriez votre fille, et je vous jure que ce baiser, le seul vraiment chaste que j’aie reçu, me fera forte contre mon amour, et qu’avant huit jours votre fils sera retourné auprès de vous, peut-être