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ne racontasse moi-même sur Marguerite.

Il fallait être fou pour en arriver là. J’étais comme un homme qui, s’étant grisé avec du mauvais vin, tombe dans une de ces exaltations nerveuses où la main est capable d’un crime sans que la pensée y soit pour quelque chose. Au milieu de tout cela, je souffrais le martyre. Le calme sans dédain, la dignité sans mépris, avec lesquels Marguerite répondait à toutes mes attaques, et qui à mes propres yeux la faisaient supérieure à moi, m’irritaient encore contre elle.

Un soir, Olympe était allée je ne sais où, et s’y était rencontrée avec Marguerite, qui cette fois n’avait pas fait grâce à la sotte fille qui l’insultait, au point que celle-ci avait été forcée de céder la place. Olympe était rentrée furieuse, et l’on avait emporté Marguerite évanouie.

En rentrant, Olympe m’avait raconté ce qui s’était passé, m’avait dit que Marguerite, la voyant seule, avait voulu se venger de ce qu’elle était ma maîtresse, et qu’il fallait que je lui écrivisse de respecter, moi absent ou non, la femme que j’aimais.

Je n’ai pas besoin de vous dire que j’y consentis,