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vides de sens à travers le voile de mes doutes.

L’heure marchait lentement. Le ciel était couvert. Une pluie d’automne fouettait les vitres. Le lit vide me paraissait prendre par moments l’aspect d’une tombe. J’avais peur.

J’ouvris la porte. J’écoutais et n’entendais rien que le bruit du vent dans les arbres. Pas une voiture ne passait sur la route. La demie sonna tristement au clocher de l’église.

J’en étais arrivé à craindre que quelqu’un n’entrât. Il me semblait qu’un malheur seul pouvait venir me trouver à cette heure et par ce temps sombre.

Deux heures sonnèrent. J’attendis encore un peu. La pendule seule troublait le silence de son bruit monotone et cadencé.

Enfin je quittai cette chambre dont les moindres objets avaient revêtu cet aspect triste que donne à tout ce qui l’entoure l’inquiète solitude du cœur.

Dans la chambre voisine je trouvai Nanine endormie sur son ouvrage. Au bruit de la porte, elle se réveilla et me demanda si sa maîtresse était rentrée.

— Non, mais, si elle rentre, vous lui direz que je