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— Que dites-vous, mon père ! m’écriai-je avec joie.

— Je dis, mon cher enfant, qu’il faut que tout jeune homme ait une maîtresse, et que, d’après de nouvelles informations, j’aime mieux te savoir amant de mademoiselle Gautier que d’une autre.

— Mon excellent père ! que vous me rendez heureux !

Nous causâmes ainsi quelques instants, puis nous nous mîmes à table. Mon père fut charmant tout le temps que dura le dîner.

J’avais hâte de retourner à Bougival pour raconter à Marguerite cet heureux changement. A chaque instant je regardais la pendule.

— Tu regardes l’heure, me disait mon père, tu es impatient de me quitter. Oh ! jeunes gens ! vous sacrifierez donc toujours les affections sincères aux affections douteuses ?

— Ne dites pas cela, mon père ! Marguerite m’aime, j’en suis sûr.

Mon père ne répondit pas ; il n’avait l’air ni de douter ni de croire.

Il insista beaucoup pour me faire passer la soirée entière avec lui, et pour que je ne repartisse que le lendemain ; mais j’avais laissé Marguerite souffrante, je le