— Je vous le jure, mon père, Marguerite ignorait cette donation.
— Et pourquoi la faisiez-vous alors ?
— Parce que Marguerite, cette femme que vous calomniez et que vous voulez que j’abandonne, fait le sacrifice de tout ce qu’elle possède pour vivre avec moi.
— Et vous acceptez ce sacrifice ? Quel homme êtes-vous donc, monsieur, pour permettre à une mademoiselle Marguerite de vous sacrifier quelque chose ? Allons, en voilà assez. Vous quitterez cette femme. Tout à l’heure je vous en priais, maintenant je vous l’ordonne ; je ne veux pas de pareilles saletés dans ma famille. Faites vos malles, et apprêtez-vous à me suivre.
— Pardonnez-moi, mon père, dis-je alors, mais je ne partirai pas.
— Parce que ?
— Parce que j’ai déjà l’âge où l’on n’obéit plus à un ordre.
Mon père pâlit à cette réponse.
— C’est bien, monsieur, reprit-il ; je sais ce qu’il me reste à faire.
Il sonna.
Joseph parut.