jamais les moments heureux que je vous dois.
» Je serais bien allé savoir de vos nouvelles aujourd’hui, mais je compte retourner près de mon père.
» Adieu, ma chère Marguerite ; je ne suis ni assez riche pour vous aimer comme je le voudrais, ni assez pauvre pour vous aimer comme vous le voudriez. Oublions donc, vous, un nom qui doit vous être à peu près indifférent, moi, un bonheur qui me devient impossible.
» Je vous renvoie votre clef, qui ne m’a jamais servi et qui pourra vous être utile, si vous êtes souvent malade comme vous l’étiez hier. »
Vous le voyez, je n’avais pas eu la force de finir cette lettre sans une impertinente ironie, ce qui prouvait combien j’étais encore amoureux.
Je lus et relus dix fois cette lettre, et l’idée qu’elle ferait de la peine à Marguerite me calma un peu. J’essayai de m’enhardir dans les sentiments qu’elle affectait, et quand, à huit heures, mon domestique entra chez moi, je la lui remis pour qu’il la portât tout de suite.
— Faudra-t-il attendre une réponse ? me demanda Joseph (mon domestique s’appelait Joseph, comme tous les domestiques).