Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/220

Cette page n’a pas encore été corrigée

sût bien pourquoi je partais. Seul, un homme qui n’aime décidément plus sa maîtresse la quitte sans lui écrire.

Je fis et refis vingt lettres dans ma tête.

J’avais eu affaire à une fille semblable à toutes les filles entretenues, je l’avais beaucoup trop poétisée, elle m’avait traité en écolier, en employant, pour me tromper, une ruse d’une simplicité insultante, c’était clair. Mon amour propre prit alors le dessus. Il fallait quitter cette femme sans lui donner la satisfaction de savoir ce que cette rupture me faisait souffrir, et voici ce que je lui écrivis de mon écriture la plus élégante, et des larmes de rage et de douleur dans les yeux :

      « Ma chère Marguerite,

» J’espère que votre indisposition d’hier aura été peu de chose. J’ai été, à onze heures du soir, demander de vos nouvelles, et l’on m’a répondu que vous n’étiez pas rentrée. M. de G.., a été plus heureux que moi, car il s’est présenté quelques instants après, et à quatre heures du matin il était encore chez vous.

» Pardonnez-moi les quelques heures ennuyeuses que je vous ai fait passer, et soyez sûre que je n’oublierai