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et que déjà j’ai quelque chose à vous pardonner. Vous tenez bien mal vos promesses d’obéissance aveugle.

— Que voulez-vous, Marguerite, je vous aime trop, et je suis jaloux de la moindre de vos pensées. Ce que vous m’avez proposé tout à l’heure me rendrait fou de joie, mais le mystère qui précède l’exécution de ce projet me serre le cœur.

— Voyons, raisonnons un peu, reprit-elle en me prenant les deux mains et en me regardant avec un charmant sourire auquel il m’était impossible de résister ; vous m’aimez, n’est-ce pas, et vous seriez heureux de passer trois ou quatre mois à la campagne avec moi seule ; moi aussi, je serais heureuse de cette solitude à deux, non seulement j’en serais heureuse, mais j’en ai besoin pour ma santé. Je ne puis quitter Paris pour un si long temps sans mettre ordre à mes affaires, et les affaires d’une femme comme moi sont toujours très embrouillées ; eh bien, j’ai trouvé le moyen de tout concilier, mes affaires et mon amour pour vous, oui, pour vous, ne riez pas, j’ai la folie de vous aimer ! et voilà que vous prenez vos grands airs et me dites des grands mots. Enfant, trois fois enfant, rappelez-vous seulement que je vous