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garçon, que j’aime de tout mon cœur, je vis depuis vingt ans parmi les femmes entretenues, je sais ce qu’elles sont et ce qu’elles valent, et je ne voudrais pas vous voir prendre au sérieux le caprice qu’une jolie fille a pour vous.

Puis, outre cela, admettons, continua Prudence, que Marguerite vous aime assez pour renoncer au comte et au duc, dans le cas où celui-ci s’apercevrait de votre liaison et lui dirait de choisir entre vous et lui, le sacrifice qu’elle vous ferait serait énorme, c’est incontestable. Quel sacrifice égal pourriez-vous lui faire, vous ? quand la satiété serait venue, quand vous n’en voudriez plus enfin, que feriez-vous pour la dédommager de ce que vous lui auriez fait perdre ! Rien. Vous l’auriez isolée du monde dans lequel étaient sa fortune et son avenir, elle vous aurait donné ses plus belles années, et elle serait oubliée. Ou vous seriez un homme ordinaire, alors, lui jetant son passé à la face, vous lui diriez qu’en la quittant vous ne faites qu’agir comme ses autres amants, et vous l’abandonneriez à une misère certaine ; ou vous seriez un honnête homme, et vous croyant forcé de la garder auprès de vous, vous vous livreriez vous-même à un malheur inévitable, car cette liaison, excusable chez le jeune homme, ne l’est plus chez