Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma vie avec elle, et que son amour me rendrait plus heureux que les plus virginales amours.

Enfin, je ne pourrais vous répéter les mille pensées qui montaient de mon cœur à ma tête et qui s’éteignirent peu à peu dans le sommeil qui me gagna au jour.

Quand je me réveillai, il était deux heures. Le temps était magnifique. Je ne me rappelle pas que la vie m’ait jamais paru aussi belle et aussi pleine. Les souvenirs de la veille se représentaient à mon esprit, sans ombres, sans obstacles et gaiement escortés des espérances du soir. Je m’habillai à la hâte. J’étais content et capable des meilleures actions. De temps en temps mon cœur bondissait de joie et d’amour dans ma poitrine. Une douce fièvre m’agitait. Je ne m’inquiétais plus des raisons qui m’avaient préoccupé avant que je m’endormisse. Je ne voyais que le résultat, je ne songeais qu’à l’heure où je devais revoir Marguerite.

Il me fut impossible de rester chez moi. Ma chambre me semblait trop petite pour contenir mon bonheur ; j’avais besoin de la nature entière pour m’épancher.

Je sortis.

Je passai par la rue d’Antin. Le coupé de Mar-