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— Je vous le promets.

— Maintenant, embrassez-moi et rentrons dans la salle à manger.

Elle me tendit ses lèvres, lissa de nouveau ses cheveux, et nous sortîmes de cette chambre, elle en chantant, moi à moitié fou.

Dans le salon elle me dit tout bas, en s’arrêtant :

— Cela doit vous paraître étrange que j’aie l’air d’être prête à vous accepter ainsi tout de suite ; savez-vous d’où cela vient ?

Cela vient, continua-t-elle en prenant ma main et en la posant contre son cœur dont je sentis les palpitations violentes et répétées, cela vient de ce que, devant vivre moins longtemps que les autres, je me suis promis de vivre plus vite.

— Ne me parlez plus de la sorte, je vous en supplie.

— Oh ! Consolez-vous, continua-t-elle en riant. Si peu de temps que j’aie à vivre, je vivrai plus longtemps que vous ne m’aimerez.

Et elle entra en chantant dans la salle à manger.

— Où est Nanine ? dit-elle en voyant Gaston et Prudence seuls.

— Elle dort dans votre chambre, en attendant que vous vous couchiez, répondit Prudence.