Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

veulent la dominer, et ils deviennent d’autant plus exigeants qu’on leur donne tout ce qu’ils veulent. Si je me décide à prendre un nouvel amant maintenant, je veux qu’il ait trois qualités bien rares, qu’il soit confiant, soumis et discret.

— Eh bien, je serai tout ce que vous voudrez.

— Nous verrons.

— Et quand verrons-nous ?

— Plus tard.

— Pourquoi ?

— Parce que, dit Marguerite en se dégageant de mes bras et en prenant dans un gros bouquet de camélias rouges apportés le matin, un camélia qu’elle passa à ma boutonnière, parce qu’on ne peut pas toujours exécuter les traités le jour où on les signe.

C’est facile à comprendre.

— Et quand vous reverrai-je ? dis-je en la pressant dans mes bras.

— Quand ce camélia changera de couleur.

— Et quand changera-t-il de couleur ?

— Demain, de onze heures à minuit. Êtes-vous content ?

— Vous me le demandez ?

— Pas un mot de tout cela ni à votre ami, ni à Prudence, ni à qui que ce soit.