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faut-il que je fasse pour reconnaître ce grand amour ?

— Il faut m’aimer un peu, dis-je avec un battement de cœur qui m’empêchait presque de parler ; car, malgré les sourires demi-moqueurs dont elle avait accompagné toute cette conversation, il me semblait que Marguerite commençait à partager mon trouble, et que j’approchais de l’heure attendue depuis si longtemps.

— Eh bien, et le duc ?

— Quel duc ?

— Mon vieux jaloux.

— Il n’en saura rien.

— Et s’il le sait ?

— Il vous pardonnera.

— Hé non ! il m’abandonnera, et qu’est-ce que je deviendrai ?

— Vous risquez bien cet abandon pour un autre.

— Comment le savez-vous ?

— Par la recommandation que vous avez faite de ne laisser entrer personne cette nuit.

— C’est vrai ; mais celui-là est un ami sérieux.

— Auquel vous ne tenez guère, puisque vous lui faites défendre votre porte à pareille heure.