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— Rentrez, si bon vous semble, mais je vous demande la permission de rester ici.

— Pourquoi ?

— Parce que votre gaieté me fait trop de mal.

— Eh bien, je serai triste.

— Tenez, Marguerite, laissez-moi vous dire une chose que l’on vous a dite souvent sans doute, et à laquelle l’habitude de l’entendre vous empêchera peut-être d’ajouter foi, mais qui n’en est pas moins réelle, et que je ne vous répéterai jamais.

— C’est ? ... dit-elle avec le sourire que prennent les jeunes mères pour écouter une folie de leur enfant.

— C’est que depuis que je vous ai vue, je ne sais comment ni pourquoi, vous avez pris une place dans ma vie, c’est que j’ai eu beau chasser votre image de ma pensée, elle y est toujours revenue, c’est qu’aujourd’hui quand je vous ai rencontrée, après être resté deux ans sans vous voir, vous avez pris sur mon cœur et mon esprit un ascendant plus grand encore, c’est qu’enfin, maintenant que vous m’avez reçu, que je vous connais, que je sais tout ce qu’il y a d’étrange en vous, vous m’êtes devenue indispensable, et que je deviendrai fou, non pas seulement si vous ne m’aimez