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Cependant cette gaieté, cette façon de parler et de boire, qui me paraissaient chez les autres convives les résultats de la débauche, de l’habitude ou de la force, me semblaient chez Marguerite un besoin d’oublier, une fièvre, une irritabilité nerveuse. À chaque verre de vin de Champagne, ses joues se couvraient d’un rouge fiévreux, et une toux, légère au commencement du souper, était devenue à la longue assez forte pour là forcer à renverser sa tête sur le dos de sa chaise et à comprimer sa poitrine dans ses mains toutes les fois qu’elle toussait.

Je souffrais du mal que devaient faire à cette frêle organisation ces excès de tous les jours.

Enfin, arriva une chose que j’avais prévue et que je redoutais. Vers la fin du souper, Marguerite fut prise d’un accès de toux plus fort que tous ceux qu’elle avait eus depuis que j’étais là. Il me sembla que sa poitrine se déchirait intérieurement. La pauvre fille devint pourpre, ferma les yeux sous la douleur et porta à ses lèvres sa serviette qu’une goutte de sang rougit. Alors elle se leva et courut dans son cabinet de toilette.

— Qu’a donc Marguerite ? demanda Gaston.

— Elle a qu’elle a trop ri et qu’elle crache le sang, fit Prudence. Oh ! ce ne sera rien, cela lui arrive