Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

de Marguerite ; c’est lui qui l’a lancée. Le connaissez-vous ?

— Non. Et celui-ci ? demandai-je en montrant l’autre miniature.

— C’est le petit vicomte de L… Il a été forcé de partir.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il était à peu près ruiné. En voilà un qui aimait Marguerite/

— Et elle l’aimait beaucoup sans doute.

— C’est une si drôle de fille, on ne sait jamais à quoi s’en tenir. Le soir du jour où il est parti, elle était au spectacle, comme d’habitude, et cependant elle avait pleuré au moment du départ.

En ce moment Nanine parut, nous annonçant que le souper était servi.

Quand nous entrâmes dans la salle à manger, Marguerite était appuyée contre le mur, et Gaston, lui tenant les mains, lui parlait tout bas.

— Vous êtes fou, lui répondait Marguerite, vous savez bien que je ne veux pas de vous. Ce n’est pas au bout de deux ans que l’on connaît une femme comme moi qu’on lui demande à être son amant. Nous autres, nous nous donnons tout de suite ou jamais. Allons, messieurs, à table.