— Qui regardez-vous ainsi ?
— Marguerite Gautier.
— Vous la connaissez ?
— Oui ; je suis sa modiste, et elle est ma voisine.
— Vous demeurez donc rue d’Antin ?
— N° 7. La fenêtre de son cabinet de toilette donne sur la fenêtre du mien.
— On dit que c’est une charmante fille.
— Vous ne la connaissez pas ?
— Non, mais je voudrais bien la connaître.
— Voulez-vous que je lui dise de venir dans notre loge ?
— Non, j’aime mieux que vous me présentiez à elle.
— Chez elle ?
— Oui.
— C’est plus difficile.
— Pourquoi ?
— Parce qu’elle est protégée par un vieux duc très jaloux.
— Protégée est charmant.
— Oui, protégée, reprit Prudence. Le pauvre vieux, il serait bien embarrassé d’être son amant.
Prudence me raconta alors comment Marguerite avait fait connaissance du duc à Bagnères.
— C’est pour cela, continuai-je, qu’elle est seule ici.