Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre-temps pour approfondir un point de science chorégraphique que je m’étais toujours proposé de tirer au clair à la première occasion ; il s’agissait de la Monaco, où, comme chacun sait, l’on chasse et l’on déchasse. Je fis en conséquence, pour la troisième fois depuis que j’avais quitté la frontière, toutes les questions possibles sur cette contredanse si populaire par toute l’Europe ; mais là, comme ailleurs, je n’obtins que des réponses évasives qui redoublèrent ma curiosité, car elles me confirmèrent dans ma première opinion, à savoir que quelque grand secret, où l’honneur du prince ou de la principauté se trouvait compromis, se rattachait à cette respectable gigue. Il me fallut donc sortir des États du prince aussi ignorant sur ce point que j’y étais entré, et perdant à jamais l’espoir de découvrir un mystère que je n’avais pu éclaircir sur les lieux.

Quant à Jadin, il était absorbé dans une idée non moins importante que la mienne :

Il cherchait à comprendre comment il pouvait tomber une si grande pluie dans une si petite principauté.


LA RIVIÈRE DE GÊNES.

La première ville que nous rencontrâmes sur notre chemin, après avoir dépassé les États de Monaco, est Vintimiglia, l’Albentimilium des Romains, dont Cicéron parle dans ses lettres familières, livre VIII, ép. XV, et à laquelle Tacite s’arrête un instant pour enregistrer un fait historique digne d’une spartiate : une mère ligurienne, interrogée par les soldats d’Othon pour qu’elle indiquât la retraite où était caché son fils qui avait pris les armes contre cet empereur, avec cette sublime impudence antique dont Agrippine avait déjà donné un