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chargea d’en acheter un à la ville voisine ; ce portrait confirma tout ce qu’avait dit la lettre. Le prince se reconnut, ne fit qu’un bond de sa chambre à celle du gouverneur, et lui montrant le portrait de Louis XIV : — « Voilà mon frère ! » lui dit-il. » Et ramenant les yeux sur lui-même : — « Et voilà qui je suis ! »

Le gouverneur ne perdit pas de temps et écrivit à Louis XIV, qui, de son côté, fit bonne diligence, et courrier par courrier l’ordre arriva d’enfermer dans la même prison le gouverneur et l’élève. Puis, comme, même à travers les grilles d’une prison, on pouvait reconnaître la contre-épreuve du grand roi, le grand roi ordonna que le visage de son frère fût, à compter de cette heure, couvert d’un masque de fer, assez habilement travaillé pour que, sans le quitter jamais, il pût voir, respirer et manger. Cette recommandation, toute fraternelle, aurait, d’après Soulavie, été exécutée de point en point.

C’est cette donnée qu’ont adoptée, pour faire leur beau drame du Masque de fer, MM. Fournier et Arnoult, ce qui n’a pas peu contribué, avec le talent de Lockroy, à lui donner, de nos jours, une parfaite popularité.

NEUVIÈME SYSTÈME.

Celui-ci est notre contemporain et date de 1837. Il a été émis par notre confrère le Bibliophile, P.-L. Jacob. Selon lui, l’homme au masque de fer ne serait autre que le malheureux Fouquet, qui, profitant des adoucissemens donnés à sa prison pour exécuter une tentative d’évasion, aurait été puni de cette tentative par la nouvelle de sa mort officiellement répandue, et par l’application de cette ingénieuse machine, dont l’invention, dans ce cas encore, appartiendrait au grand roi.

Comme le livre dans lequel notre ami a développé ce nouveau système est dans les mains de tout le monde, nous y renvoyons pour plus amples détails.

Il y a encore deux autres petits systèmes : l’un ferait du masque de fer le patriarche Arwedicks, enlevé, selon le manuscrit de monsieur de Bonac, pendant l’ambassade de mon-