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du roi Guillaume. Tel qu’il est, le voici : Le cardinal de Richelieu, tout fier de voir sa nièce Parisiatis aimée de Gaston, duc d’Orléans, frère du roi, proposa à ce prince de devenir sérieusement son neveu. Mais le fils de Henri IV, qui voulait bien de mademoiselle Parisiatis pour maîtresse, trouva si impertinent que le premier ministre osât la lui proposer pour femme, qu’il répondit a cette proposition par un soufflet. Le cardinal était rancunier ; mais, comme il n’y avait pas moyen de traiter le frère du roi en Bouteville ou en Montmorency, il s’entendit avec sa nièce et le père Joseph pour tirer de Gaston une autre vengeance. Ne pouvant lui faire tomber la tête de dessus les épaules, il résolut de lui faire cheoir la couronne de dessus la tête.

La perte de cette couronne devait être d’autant plus sensible à Gaston que Gaston croyait déjà la tenir. Il y avait quelque vingt-deux ou vingt-trois ans que son frère aîné était marié, et la France attendait encore un dauphin.

Voici ce qu’imagina Richelieu, toujours dans le système de l’anonyme hollandais.

Un jeune homme, nommé le C. D. R., était amoureux, depuis plusieurs années, de la femme de son roi. Cet amour, auquel la reine n’avait pas paru insensible, n’avait point échappé aux regards jaloux de Richelieu, qui, amoureux lui-même d’Anne d’Autriche, s’en était inquiété jusqu’au moment où il jugea à propos d’en tirer parti.

Un soir, le C. D. R. reçut un billet d’une main inconnue, dans lequel on lui disait que, s’il voulait se rendre à un en droit indiqué, et se laisser bander les yeux, on le conduirait dans un lieu où il désirait être présenté depuis longtemps. Le jeune homme était aventureux et brave : il se trouva au rendez-vous, se laissa bander les yeux ; et lorsque le bandeau lui tomba du front, il était dans l’appartement d’Anne d’Autriche qu’il aimait.

Le lendemain elle alla trouver le cardinal et lui dit : « Vous avez enfin gagné votre méchante cause ; mais prenez-y garde, monsieur le prélat, et faites en sorte que je trouve cette miséricorde et cette bonté céleste dont vous m’avez flattée par vos pieux sophismes. Ayez soin de mon âme ! »

L’auteur anonyme attribue à cette aventure la naissance