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la première fois lors du passage de Charles VIII, et la seconde fois lors de l’assassinat du duc Alexandre par Lorenzino.

Aussi, la louange contemporaine l’emporta sur le blâme de la postérité ; la partie sombre de cette vie se perdit dans la partie éclatante, et l’on oublia que ce protecteur des arts, des lumières et des lettres, avait tué un de ses fils, empoisonné une de ses filles, et violé l’autre.

Il est vrai que les contemporains de Cosme 1er étaient Henri VIII, Philippe II, Charles IX, Christiern II, et cet infâme Paul III, dont le fils violait les évêques[1].

Cosme mourut le 21 avril 1574, laissant le trône ducal à son fils François 1er, qu’il avait associé au pouvoir depuis plusieurs années, et dont nous avons dit à peu près tout ce qu’il y a à en dire, devant la statue de Ferdinand 1er, à Livourne, et à propos de Bianca Capello, sa maîtresse et sa femme.

Cosme était sobre, mangeait peu, buvait peu, et dans les dernières années de sa vie, il avait même renoncé à souper, et se contentait de manger quelques amandes. Presque toujours pendant ses repas, il avait à sa table un savant, avec lequel il parlait chimie, botanique ou géométrie ; — un artiste avec lequel il raisonnait d’art, ou un poëte avec lequel il discutait sur Dante ou sur Boccace. À défaut de ceux-ci, il causait avec les officiers de bouche qui faisaient son service, des choses que chacun d’eux, à sa connaissance, avait étudiées, « car il en savait, dit son historien, autant à lui seul que tous les hommes ensemble. » Ses deux plaisirs les plus vifs étaient la musique et la chasse. Il aimait à chanter en chœur, et souvent en se baignant dans l’Arno avec les gentilshommes qu’il avait admis dans sa familiarité, à l’aide de petites tablettes de bois, sur lesquelles chacun, tout en nageant, suivait sa partie. — Cosme donnait alors des concerts en pleine eau à ses sujets, car il était avant tout ennemi du repos, et qu’il travaillât ou s’amusât, il avait toujours besoin de s’occuper à quelque chose. — C’était à la fois le plus grand chasseur, le meilleur fauconnier, et le pêcheur le

  1. Benedetto Varchi. Histoire de l’évêque de Fano.