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Vasari ; ses tableaux sont de Cigoli, de Ligozzi, et de Passegnano, les statues sont de Michel-Ange, de Baccio Bandinelli, et de Jean de Bologne.

Le tout à la plus grande gloire de Cosme Ier.

C’est qu’en effet, Cosme Ier, est une de ces statues gigantesques que la main de l’histoire dresse comme une pyramide pour marquer la limite où une ère finit et où une autre ère commence. Cosme Ier, c’est à la fois l’Auguste et le Tibère de la Toscane, et cela est d’autant plus exact, qu’à l’époque où Alexandre tomba sous le poignard de Lorenzo, Florence se trouva dans la même situation que Rome après la mort de César : « Il n’y avait plus de tyran, mais il n’y avait plus de liberté. »

Quittons un instant pierres, marbres et toiles, pour examiner tous les vices et toutes les vertus de l’humanité réunis dans un seul homme : l’étude est curieuse et vaut bien la peine qu’on s’y arrête un instant.

Cosme Ier naquit dans l’ancien palais Salviati, devenu depuis palais Apparello, et au milieu de la cour duquel est encore aujourd’hui une statue de marbre, représentant le grand duc en habit royal et la couronne sur la tête. Il descendait de Laurent l’Ancien, frère de Cosme le Père de la patrie, dont le rameau, séparé à la deuxième génération, se divisa lui-même en branche aînée et en branche cadette ; c’était cette branche aînée dont était Lorenzino, c’était cette branche cadette dont fut Cosme.

Son père était ce fameux Giovanni, le plus célèbre peut-être de tous ces vaillans capitaines qui sillonnaient l’Italie au XVe et au XVIe siècle. Le jour anniversaire de sa naissance, il rêva qu’il lui voyait, tout endormi qu’il était dans son berceau, une couronne royale sur la tête. Ce rêve le frappa tellement, qu’en se réveillant il résolut de tenter Dieu pour savoir quels étaient ses desseins sur son fils. En conséquence, il ordonna à sa femme Maria Salviati, née de Lucrezia de Médicis, et par conséquent nièce de Léon X, de prendre l’enfant et de monter au second étage. Marie obéit, sans savoir de quoi il s’agissait : alors lui descendit dans la rue, appela sa femme, qui parut sur le balcon, et de la lui tendant les bras, il lui ordonna de lui jeter l’enfant. La pauvre