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et le bronze, des Nicolas d’Uzzano, des Orcagna, des Renaud des Albizzi, des Donatello, des Pazzi, des Raphaël, des Laurent de Médicis, des Flaminius Vacca, des Savonarole, des Jean de Bologne, des Cosme Ier et des Michel-Ange.

Qu’on cherche dans le monde entier une place qui réunisse de pareils noms, sans compter ceux que j’oublie ! et j’en oublie comme Baccio Bandinelli, comme l’Ammanato, comme Benvenuto Cellini.

Je voudrais bien mettre un peu d’ordre dans ce magnifique chaos, et classer chronologiquement les grands hommes, les grandes œuvres et les grands souvenirs, mais c’est impossible. Il faut, quand on arrive sur cette place merveilleuse, aller où l’œil vous mène, où l’instinct vous conduit.

Ce qui s’empare tout d’abord de l’artiste, du poète ou de l’archéologue, c’est le sombre Palazzo-Vecchio, encore tout blasonné des vieilles armoiries de la république, parmi lesquelles brillent sur l’azur, comme des étoiles au ciel, ces fleurs de lis sans nombre semées sur la route de Naples par Charles d’Anjou.

À peine Florence fut-elle libre, qu’elle voulut avoir son hôtel de ville pour loger un magistrat, et son beffroi pour appeler le peuple. Qu’une commune se constitue dans le Nord, ou qu’une république s’établisse dans le Midi, le désir d’un hôtel de ville et d’un beffroi est toujours le premier acte de sa volonté, et la satisfaction de ce désir la première preuve de son existence.

Aussi, dès 1298, c’est-à-dire 16 ans à peine après que les Florentins avaient conquis leur constitution, Arnolfo de Lapo reçut de la seigneurie l’ordre de lui bâtir un palais.

Arnolfo di Lapo avait visité le terrain qu’on lui réservait et avait fait son plan en conséquence. Mais au moment de jeter les fondemens de son édifice, le peuple lui défendit à grands cris de poser une seule pierre sur la place où avait été située la maison de Farinata des Uberti. Arnolfo di Lapo fut forcé d’obéir à cette clameur populaire ; il repoussa son palais dans un coin, et laissa libre la place maudite. Aujourd’hui encore, ni pierres ni arbres n’y ont jeté leurs ra-