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La statue resta muette, mais l’admiration des peuples et la voix de la postérité ont parlé pour elle.


LE PALAIS RICCARDI.

Nous allions quitter cette magnifique place du Dôme pour nous faire conduire à celle du Grand-Duc, lorsqu’en jetant un regard dans la Via Martelli, nous aperçûmes, à l’extrémité de cette rue, l’angle d’un si beau palais, que nous nous écartâmes un moment de notre plan chronologique, pour nous acheminer droit à cet édifice. À mesure que nous avancions, nous le voyions se développer à la fois dans toute son élégance et dans toute sa majesté. C’était le magnifique palais Riccardi, qui fait le coin de la Via Larga et de la Via del Calderei.

Le palais Riccardi fut bâti par Cosme l’Ancien, celui-là que la patrie commença par chasser deux fois, et finit enfin par appeler son père.

Cosme vint à une de ces époques heureuses où tout dans une nation tend à s’épanouir à la fois, et où l’homme de génie a toute facilité pour être grand. En effet, l’ère brillante de la république était venue avec lui ; les arts apparaissaient de tout côtés. Brunelleschi bâtissait ses églises, Donatello taillait ses statues, Orcagna découpait ses portiques, Mazaccio couvrait les murs de ses fresques ; enfin, la prospérité publique, marchant d’un pas égal avec le progrès des arts, faisait de la Toscane, placée entre la Lombardie, les États de l’Église, et la république vénitienne, le pays non-seulement le plus puissant, mais encore le plus heureux de l’Italie.

Cosme était né avec des richesses immenses qu’il avait