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sérieuse, et qu’il s’agissait maintenant non plus d’assassiner, mais de combattre, jetèrent leurs armes et se mirent à fuir.

Au bruit que faisait Laurent en se défendant, Bernard Bandini, qui était occupé à Julien, leva la tête et vit qu’une de ses victimes allait lui échapper : il quitta donc le mort pour le vivant, et s’élança vers l’autel. Mais il rencontra sur sa route François Nori, qui lui barrait le chemin. Une courte lutte s’engagea, et François Nori tomba blessé à mort. Mais si vite renversé qu’eût été l’obstacle, il avait suffi, comme nous l’avons vu, à Laurent, pour se débarrasser de ses deux ennemis. Bernard se trouva donc seul contre trois. Il appela François, François accourut ; mais aux premiers pas qu’il fit, il s’aperçut à sa faiblesse qu’il était plus grièvement blessé qu’il ne le croyait, et en arrivant au chœur, se sentant prêt à tomber il s’appuya contre la balustrade. Politien, qui accompagnait Laurent, profita de ce moment pour le faire entrer avec quelques amis qui se tenaient ralliés autour de lui, dans la sacristie, et tandis que les deux Cavalcanti, secondés par les diacres qui frappaient avec leurs crosses d’argent comme avec des masses, tenaient écartés Bernard et trois ou quatre conjurés qui étaient accourus à sa voix, il repoussa les portes de bronze, et les ferma sur Laurent et sur lui. Aussitôt Antonio Ridolfi, l’un des jeunes gens les plus attachés à Laurent, suçait la blessure qu’il avait reçu au cou, de peur que le fer du prêtre n’eût été empoisonné, et y mettait le premier appareil. Un instant encore Bernard Bandini essaya d’enfoncer les portes ; mais, voyant que ses efforts étaient inutiles il comprit que tout était perdu, prit François Pazzi par dessous le bras, et l’emmena aussi rapidement que celui-ci put marcher.

Il y avait eu dans l’église un moment de tumulte facile à comprendre, l’officiant s’était enfui, en voilant de son étole le Dieu qu’on faisait témoin et presque complice de pareils crimes. Tous les assistans s’étaient précipités sur la place du Dôme, par les différentes portes de la cathédrale. Chacun fuyait donc, à l’exception de huit ou dix partisans de Laurent, qui s’étaient réunis dans un coin, et qui, l’épée à la main, accourant bientôt à la porte de la sacristie, appe-