Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne voulant pas demeurer en reste de magnificence avec Jacob, invita à son tour le cardinal à venir à Fiesole, et avec lui tous ceux qui avaient assisté au repas donné par Jacob. Mais cette fois encore Julien manqua, il souffrait d’un mal de jambe ; force fut donc de remettre encore l’exécution du complot à un autre jour.

Ce jour fut enfin fixé au 26 avril 1478 selon Machiavel. Pendant la matinée de ce jour, qui était jour de fête, le cardinal Riario devait entendre la messe dans le Dôme de Sainte-Marie-des-Fleurs, et comme il avait fait prévenir Laurent et Julien de cette solennité, il était probable que ceux-ci ne pourraient pas se dispenser d’y assister. On prévint tous les conjurés de cette nouvelle disposition, et l’on distribua à chacun le rôle qu’il devait jouer dans cette sanglante tragédie.

François Pazzi et Bernard Bandini étaient les plus acharnés contre les Médicis, et comme ils étaient en même temps les plus forts et les plus adroits, ils réclamèrent pour eux Julien, attendu que le bruit courait que, timide de cœur et faible de corps, Julien portait habituellement une cuirasse sous son habit, ce qui rendait plus difficile et par conséquent plus dangereux un assassinat sur lui que sur un autre. D’un autre côté, le chef des sbires pontificaux, Jean-Baptiste de Montesecco, avait déjà reçu et accepté la commission de tuer Laurent dans les deux repas auxquels il avait assisté, et où l’absence de son frère l’avait sauvé. On ne doutait point, comme c’était un homme de résolution, qu’il ne se montrât cette fois d’aussi bonne volonté que les autres ; mais, au grand étonnement de tous, lorsqu’il eut appris que l’assassinat devait s’accomplir dans une église, il refusa, disant qu’il était prêt à un meurtre, mais non à un sacrilège, et que, pour rien au monde, il ne commettrait ce sacrilège si on ne lui montrait d’avance un bref d’absolution signé du pape. Malheureusement on avait négligé de se munir de cette pièce importante, que Sixte IV n’était certainement pas homme à refuser. On n’avait pas le temps de la faire venir, de sorte que, quelques instances que l’on fit à Montesecco, on ne put vaincre ses scrupules. Alors on remit le soin de frapper Laurent à Antoine de Volterra et à Étienne Bagno-