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tuettes, ses portes surmontées de sculptures de Jean de Pise ou de mosaïques de Guirlandajo, n’en est pas moins un chef-d’œuvre, qu’à la prière de son premier architecte les tremblemens de terre et la foudre ont respecté. Son premier aspect est magnifique, imposant, splendide, et rien n’est beau comme de faire, au clair de la lune, le tour du colosse accroupi au milieu de sa vaste place comme un lion gigantesque.

L’intérieur du dôme ne répond point à l’extérieur ; mais ici, les souvenirs historiques viennent dorer la pauvreté de ses murailles et la nudité de sa voûte.

À droite et à gauche en entrant, à une hauteur de vingt pieds à peu près, sont deux monumens l’un peint sur la muraille par Paolo Uccello, l’autre exécuté en relief par Jacques Orgagna, et représentant les deux plus grands capitaines qu’ait eus à sa solde la république Florentine. La fresque est consacrée à Jean Aucud, célèbre condottiere anglais, qui passa du service de Pise à celui de Florence. Le bas-relief représente Pierre Farnèse, le célèbre général florentin, qui, élu le 27 mars 1363, gagna la même année, sur les Pisans, la célèbre bataille de San-Piero. Le moment choisi par le statuaire est celui où Pierre Farnèse, ayant eu son cheval tué sous lui, remonte sur un mulet, et l’épée à la main, à la tête de ses cuirassiers, charge porté par cette étrange monture.

Quant à Jean Aucud, comme prononcent les Italiens, ou plutôt à Jean Hawkwood, comme l’écrivent les Anglais, c’était, ainsi que nous l’avons dit, un célèbre condottiere à la solde du pape. Son engagement avec le saint-père honorablement fini, Aucud ayant trouvé son avantage à passer à la solde de la magnifique république, devint, en 1377, le plus ferme appui de ceux qu’il avait combattus jusque là, et qu’il servit jusqu’au 15 mars 1394, c’est-à-dire près de vingt ans. Pendant cette période, il avait si bien travaillé pour l’honneur et la prospérité de Florence, que, quoiqu’il fût mort de maladie dans une terre qu’il avait achetée près de Cortone, la seigneurie le fit ensevelir dans la cathédrale.

Comme on le pense bien, ce n’était point par des œuvres de sainteté que Jean Hawkwood avait mérité un pareil mo-