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Le prince savait déjà qu’il y a certains mots dont il faut se défier en Italie, attendu qu’ils veulent toujours dire le contraire de ce qu’ils promettent. Cependant, voyant qu’on détachait les chevaux, il referma la glace de la voiture et attendit.

Au bout d’une demi-heure d’attente, il baissa la glace, et, se penchant hors de la voiture :

— Eh bien ? dit-il. Personne ne lui répondit.

— Frantz ! cria le prince, Frantz !

— Monseigneur, répondit Frantz en se réveillant en sursaut.

— Mais où diable sommes-nous donc ?

— Je n’en sais rien, monseigneur.

— Comment, tu n’en sais rien ?

— Non ; je me suis endormi, et je me réveille.

— Oh ! mon Dieu ! s’écria la princesse, nous sommes dans quelque caverne de voleurs.

— Non, dit Frantz, nous sommes sous une remise.

— Eh bien ouvre la porte et appelle quelqu’un, dit le prince.

— La porte est fermée, répondit Frantz.

— Comment, fermée ? s’écria à son tour le prince en sautant en bas de la voiture.

— Voyez plutôt, monseigneur.

Le prince secoua la porte de toutes ses forces, elle était parfaitement fermée. Le prince appela à tue-tête ; personne ne répondit. Le prince chercha un pavé pour enfoncer la porte, il n’y avait pas de pavé.

Or, comme le prince était avant tout un homme d’un sens exquis, après s’être assuré qu’on ne pouvait pas ou qu’on ne voulait pas l’entendre, il résolut de tirer le meilleur parti possible de sa position, remonta dans la voiture, ferma les glaces, s’assura à tout hasard que ses pistolets étaient à sa portée, souhaita le bonsoir à sa mère, étendit ses jambes sur la banquette de devant et s’endormit. Frantz en fit autant sur son siège ; il n’y eut que la princesse qui resta les yeux tout grands ouverts, ne doutant pas qu’elle ne fût tombée dans quelque guet-à-pens.