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les tours de leurs palais à la hauteur de cinquante brasses, et les matériaux résultant de cette démolition servirent à élever des remparts à la ville, qui n’était point fortifiée du côté de l’Arno. Enfin, en 1252, le peuple, pour consacrer le retour de la liberté à Florence, frappa avec l’or le plus pur cette monnaie qu’on appela florin, du nom de la ville qui lui donna naissance, et qui depuis 700 ans est restée à la même effigie, au même poids et au même titre, sans qu’aucune des révolutions qui suivirent celle à laquelle le florin devait sa naissance ait osé changer son empreinte populaire, ou altérer son or républicain.

Cependant les Guelfes, plus généreux ou plus confians que leurs ennemis, avaient permis aux Gibelins de rester dans la ville : ceux-ci profitèrent de cette liberté pour ourdir une conspiration qui fut découverte. Les magistrats leur firent alors porter l’ordre de venir justifier leur conduite ; mais ils repoussèrent les archers du podestat à coups de pierres et de flèches. Tout le peuple se souleva aussitôt, on vint attaquer les ennemis dans leurs maisons, on fit le siège des palais et des forteresses ; en deux jours tout fut fini. Schazetto des Uberti, le même qui avait assommé Buondelmonte, mourut les armes à la main. Un autre Uberti et un Infangati eurent la tête tranchée sur la place du vieux Marché, et ceux qui échappèrent au massacre ou à la justice, guidés par Farinata des Uberti, sortirent de la ville et allèrent demander à Sienne un asile qu’elle leur accorda.

Farinata des Uberti était un de ces hommes de la famille du baron des Adrets, du connétable de Bourbon, et de Lesdiguières, qui naissent avec un bras de fer et un cœur de bronze, dont les yeux s’ouvrent dans une ville assiégée et se ferment sur le champ de bataille : plantes arrosées de sang et qui portent des fleurs et des fruits sanglans !

La mort de l’empereur lui était la ressource ordinaire aux Gibelins, qui était de s’adresser à l’empereur. Il envoya alors des députés à Manfred, roi de Sicile. Ces députés demandaient une armée. Manfred offrit cent hommes. Les ambassadeurs étaient sur le point de refuser cette offre qu’ils regardaient comme dérisoire ; mais Farinata leur écrivit : « Acceptez toujours, l’important est d’avoir la bannière de