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et non à la nomination, ils menaçaient de le déposer en vertu du même droit qui l’avait élu, si, dans le terme d’une année, il ne s’était pas réconcilié avec le saint-siège.

Henri fut forcé d’obéir : il apparut en suppliant au sommet de ces Alpes qu’il avait menacé de franchir en vainqueur ; et par un hiver rigoureux, il traversa l’Italie pour aller, à genoux et pieds nus, demander au pape l’absolution de sa faute. Asti, Milan, Pavie, Crémone et Lodi le virent ainsi passer ; et, fortes de sa faiblesse, elles saisirent le prétexte de son excommunication pour se délier de leur serment. De son côté, Henri IV, craignant d’irriter encore le pape, ne tenta point même de les faire rentrer sous son obéissance et ratifia leur liberté : ratification dont elles auraient à la rigueur pu se passer ; comme le pape de l’investiture. Ce fut de cette division entre le saint-siège et l’empereur, entre le peuple et la féodalité, que se formèrent les factions guelfe et gibeline.

Pendant ce temps, et comme pour préparer la liberté de Florence, Godefroy de Lorraine, marquis de Toscane, et Béatrix sa femme mouraient l’un en 1070 et l’autre en 1076, laissant la comtesse Mathilde héritière et souveraine du plus grand fief qui ait jamais existé en Italie. Mariée deux fois la première avec Godefroy le jeune, la seconde avec Guelfe de Bavière, elle se sépara successivement de ses deux époux et mourut sans héritier, léguant ses biens à la chaire de saint Pierre.

Cette mort laissa Florence à peu près libre d’imiter les autres villes d’Italie. Elle s’érigea donc en république, donnant à son tour l’exemple qu’elle avait reçu, à Sienne, à Pistoia et à Arezzo.

Cependant la noblesse florentine, sans rester indifférente à la grande querelle qui divisait l’Italie, n’y était point entrée avec la même ardeur que celle des autres villes ; elle restait divisée, il est vrai, en deux partis, mais non en deux camps. Chacun de ces partis s’observait avec plus de défiance que de haine, et si ce n’était déjà plus la paix, ce n’était du moins pas encore la guerre.

Parmi les familles guelfes, une des plus nobles, des plus puissantes et des plus riches, était celle des Buondelmonti.