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Mare senza pesce, monti senza legno, uomini senza fede, donne senza vergogna.

Ce qui signifie : mer sans poisson, montagnes sans bois, hommes sans foi, femmes sans vergogne.

C’est ce proverbe qui faisait sans doute dire à Louis XI : « Les Génois se donnent à moi, et moi je les donne au diable.»

Il n’y a qu’une petite observation à faire, c’est que je crois le proverbe pisan et non génois. Bridoison dit avec beaucoup de justesse qu’on ne se dit pas de ces choses-là à soi-même ; et jamais un Génois n’a passé pour être plus bête que Bridoison.

La strada Balbi nous mena à la strada Nuovissima, et la strada Nuovissima à la strada Nuova. C’est dans cette dernière rue, terminée par la place des Fontaines amoureuses, toute encadrée dans ses maisons à fresques extérieures, que se trouvent les plus beaux palais. Parmi ceux-ci, nous en visitâmes deux ; le palais Doria Tursi, et le palais Rouge, l’un propriété publique appartenant à l’État, l’autre propriété privée appartenant à M. de Brignole, ambassadeur du roi Charles-Albert à Paris.

Le palais Tursi, dont on attribue à tort l’architecture à Michel-Ange, fut commencé par le Lombard Roch Lugaro, ornementé à la porte et aux fenêtres par Thaddei Carloni, et achevé par Randoni : les peintures sont du chevalier Michel Canzio. Au reste, l’un des plus riches au dehors, il est l’un des moins beaux en dedans.

Il n’en est point ainsi du palais Rouge, son extérieur est peu élégant, quoiqu’il ne manque pas d’un certain grandiose, mais il renferme la plus belle galerie de Gênes peut-être, sans en excepter la galerie royale. On y trouve des Titien, des Véronèse, des Palma-Vecchio, des Paris-Bordone, des Albert Durer, des Louis Carrache, des Michel-Ange de Carravage, des Carlo Dolci, des Guerchin, des Guide, et surtout des Van-Dyck.

Il est inutile de dire que le palais Brignole n’est point de ceux qui sont à vendre.

Après avoir visité la tombe de Fiesque, il me restait à voir la place où était bâti son palais. Je m’y fis conduire :