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stant dans le boudoir, monsieur, vous y trouverez des gouaches représentant les îles d’Ischia, de Capri, de Nisida.

la jarry.

Ah oui, je les ai aperçues des fenêtres de l’hôtel, mais je n’y suis pas allé, Mme de La Jarry craint horriblement le mal de mer.

lectoure, prenant le bras de Nozay.

Et vous dites, monsieur, qu’on n’a qu’à se coiffer la tête d’un potiron ?

de nozay.

En se ménageant toutefois des ouvertures pour les yeux et pour la bouche.

Ils sortent tous quatre par la droite ; on ouvre la porte du fond ; Paul paraît.



Scène VII

PAUL, au fond, MARGUERITE, entr’ouvrant la porte de la bibliothèque.
paul, allant vivement à elle.

Je vous cherchais. Eh bien ?

marguerite.

Je lui ai tout dit.

paul.

Et… ?

marguerite.

Et dans dix minutes on signe le contrat !

paul.

Je m’en doutais. C’est un misérable !

marguerite.

Que faire ?

paul.

Du courage, Marguerite !

marguerite.

Du courage… oh ! je n’en ai plus !

paul, lui présentant un papier.

Voilà qui vous en rendra.

marguerite.

Que contient ce papier ?

paul.

Le nom du village où vous attend votre fils, et l’adresse de la femme chez laquelle on l’a caché.

marguerite.

Oh ! mais vous êtes donc un ange !

paul.

Silence ! quelque chose qui arrive, vous me retrouverez chez Achard.

marguerite.

Bien !

Elle rentre dans la bibliothèque.



Scène VIII

EMMANUEL, PAUL.
emmanuel, rentrant par la droite.

Je vous attendais à une autre heure, monsieur, et devant moins nombreuse compagnie.

paul.

Nous sommes seuls, ce me semble.

emmanuel.

Oui ; mais dans un instant ce salon sera plein.

paul.

On dit bien des choses en un instant, monsieur le comte.

emmanuel.

Vous avez raison ; mais il faut rencontrer un homme auquel il ne faille pas plus d’un instant pour les comprendre.

paul.

J’écoute.

Lectoure sort de la porte à droite, s’avance au fond, et écoute sans être vu d’Emmanuel et de Paul.
emmanuel.

Vous m’avez parlé de lettres ?

paul.

C’est vrai.

emmanuel.

Vous avez fixé un prix à ces lettres ?

paul.

C’est encore vrai.

emmanuel.

Eh bien ! pour ce prix êtes-vous prêt à me les donner ?

paul.

Emmanuel, remettez à demain la signature de ce contrat, et accordez-moi une entrevue cette nuit.

emmanuel.

La signature du contrat ne peut se remettre ; cette entrevue est inutile, puisqu’elle a lieu en ce moment. Êtes-vous prêt ?

paul.

Écoutez-moi.

emmanuel.

Oui, ou non ?

paul.

Deux mots.

emmanuel.

Oui, ou non ?

paul, froidement.

Non.

emmanuel.

À quelle heure vous plaira-t-il, monsieur, de faire demain une promenade avec moi ?

paul.

Je regrette de ne pouvoir accepter l’offre que vous me faites, monsieur le comte.

emmanuel.

C’est que vous ne comprenez pas bien sans doute ?

paul.

Au contraire, parfaitement.

emmanuel.

Que cette promenade n’est autre chose…

paul.

Qu’une rencontre.

emmanuel.

Et vous refusez ?

paul.

Je ne puis me battre avec vous, Emmanuel !