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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

prêchant pour les enfants trouvés, — Saint Sébastien secouru par Irène, — et Filippo Lippi chargé de peindre une Vierge pour un couvent, et devenant amoureuse de la religieuse qui lui sert de modèle.

La Jeanne d’Arc fit une grande impression, et l’on commença à parler de Delaroche, non comme d’un peintre donnant des espérances, mais comme d’un maître les ayant réalisées.

En 1826, il exposa la Mort de Carrache, — le Prétendant sauvé par miss Mac Donald, — la Nuit de la Saint-Barthélemy, — la Mort d’Élisabeth, — et le portrait en pied du dauphin.

Tout le monde s’arrêtait devant Élisabeth, verdâtre, mourante, déjà jusqu’à la ceinture dans le tombeau. Moi, je m’arrêtai devant la jeune fille d’Écosse, ravissante de sentiment, adorable de poésie.

Cinq-Mars et Miss Mac Donald, c’était suffisant pour faire de Delaroche un grand peintre.

Quelle charmante manière que celle du dernier tableau : douce, tendre, affectueuse ! que de souplesse et de morbidezza dans ces blonds quinze ans qui, portés par les ailes de la jeunesse, touchent à peine la terre !

Ô Delaroche ! vous êtes un grand peintre ! mais, si vous aviez fait seulement quatre tableaux pareils à votre Miss Mac Donald, comme vous seriez un peintre aimé !

En 1827, il produisit d’abord un tableau politique : la Prise du Trocadéro ; puis la Mort du président Duranti, grande et magnifique page, — trois figures de premier ordre : celle du président, celle de la femme, celle de l’enfant ; celle de l’enfant surtout, je ne dirai pas qui tend, mais qui roidit ses bras au ciel ; et un plafond pour le musée Charles X. Je ne parlerai point de ce plafond, je ne me le rappelle pas.

Enfin vint 1831, c’est-à-dire l’époque où nous sommes arrivés, et où Delaroche expose les Enfants d’Édouard, Cinq-Mars et de Thou, — le Jeu de Mazarin, — le portrait de mademoiselle Sontag, — et une Lecture.