En abordant, elle jeta un cri de joie.
— Allons, dit-elle, tout est oublié : nous sommes en France !
Oui, l’on était en France, et là devait commencer le véritable danger.
Heureusement, le pilote, qui venait, avec tant d’adresse, de faire atterrir la barque sur une côte presque inabordable, connaissait aussi bien l’intérieur que le littoral ; il prit le commandement de la petite troupe, et notifia, respectueusement, mais d’un ton ferme, à la princesse et à ses compagnons qu’il fallait se mettre en route, et gagner un gîte avant que le jour parût.
Madame était attendue à trois lieues de la côte, dans une maison appartenant à un vieil officier dévoué à sa cause ; seulement, lorsqu’elle fut arrivée à cette maison, son propriétaire ne crut pas la retraite assez sûre, et il fallut gagner une autre habitation distante encore de trois quarts de lieue.
La route s’était faite à travers les rochers, par des chemins presque impraticables.
Il faisait grand jour lorsque, enfin, on arriva. La princesse était horriblement fatiguée, ainsi que ceux qui l’accompagnaient ; mais, comme elle ne se plaignait pas, personne n’osait se plaindre.
La maison était un véritable asile de conspirateurs, isolée et entourée de bois et de rochers.
On exigea de Madame qu’elle se couchât ; mais elle n’y consentit que lorsqu’elle eut vu partir pour Marseille deux personnes de sa suite. Ces personnes avaient mission de prévenir M. *** de son arrivée.
M. *** était une des personnes qui avaient répondu à la princesse d’une insurrection en sa faveur, non-seulement à Marseille, mais encore dans tout le Midi.
Nous désignerons par des étoiles, par des initiales ou par leur nom, selon que nous croirons devoir leur garder plus ou moins de ménagements de position, les personnes qui prirent part à l’entreprise que nous racontons.
Le soir même, un des messagers revint avec un billet : le billet était court mais significatif.