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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

saire allait au tir tous les matins, et j’étais tenu au courant des progrès qu’il faisait.

Enfin, la fameuse réponse parut.

Qu’on me permette de la reproduire entière avec les injures qu’elle contient.

Il est probable qu’aujourd’hui M. Gaillardet regrette ses injures envers moi, comme je regrette mes violences envers lui.

À M. S.-Henry Berthoud.
Monsieur le directeur.

J’ai publié dans le n° XXI du Musée des Familles un article que vous m’avez fait l’honneur de me demander sur l’ancienne tour de Nesle. Dans cet article, j’ai conté, en passant, et sous forme de causerie, sans prétention aucune, comment l’idée m’était venue de faire un drame dont personne ne m’a contesté la pensée première ; drame imprimé, publié depuis plus de deux ans, et représenté aujourd’hui pour la deux centième fois sous mon nom, de l’aveu de M. Dumas lui-même.

Du reste, je n’ai pas dit un mot de M. Dumas, je n’ai fait aucune allusion à la discussion juridique et littéraire qui s’éleva jadis entre lui et moi. On peut s’en convaincre par la lecture de mon article. J’aurais eu scrupule, en effet, de ranimer en quoi que ce fût une querelle depuis longtemps éteinte, et à laquelle une transaction amiable a mis fin ; transaction proposée par M. Dumas lui-même, ainsi que je le dirai dans la suite, et par laquelle fut arrêté, dans son principe, le débat public que j’avais, alors, moi, désiré, provoqué.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, M. Dumas revient sur cette affaire ; il en réunit les cendres froides et éparses, les tasse dans sa main, et, les attisant de tout son souffle, en rallume le feu, au risque de s’y brûler les doigts. Puisqu’il m’a jeté le gant, je le ramasse. Il m’a provoqué, je lui réponds. Tant pis pour lui s’il est blessé dans ce jeu, si sa réputation s’y trouve compromise : il ne dépend pas de moi d’éviter le combat… Je suis l’offensé, l’insulté ! et, si jamais le talion fut permis, c’est à celui qui n’a point recherché l’attaque… À celui-là la vengeance est sacrée et les représailles saintes. Il use du droit de naturelle et légitime défense !

J’arrive donc à l’histoire complète et vraie de la Tour de Nesle. J’appuierai mon récit sur des preuves écrites et signées par les personnages mêmes de cette histoire, et, quand les preuves me manqueront, je met-