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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Oui.

— Sur quelles bases ?

— Mais d’après le marché de la Porte-Saint-Martin : deux louis par représentation, un louis pour lui, un louis pour Janin, et douze francs de billets[1].

— Janin, renonçant à la collaboration, renonce à son droit ?

— Cela ne fait pas de doute ; il a été le premier à me le dire.

— Alors, il faut que votre jeune homme jouisse du bénéfice de la retraite de Janin, et qu’il touche le traité entier.

— Point !

— Pourquoi ?

— Parce qu’avec vos droits, à vous, qui sont en dehors des règles ordinaires, cela me fera une somme ruineuse par soirée. D’ailleurs, il ne compte que sur un louis, il s’attend à avoir un collaborateur : il touchera son louis, il aura son collaborateur ; seulement, celui-ci, au lieu de s’appeler Janin, s’appellera Dumas, et, au lieu de se nommer, ne se nommera point.

— Oui ; mais je veux, cependant, que ce jeune homme soit content de moi.

— Il y a un moyen : qu’il prélève son second louis sur vos droits, à vous.

— Soit ; mais, alors, vous porterez, de votre côté, la somme de billets à vingt francs : cela lui fera un compte rond.

— Je le veux bien.

— C’est chose convenue ?

— Parfaitement.

— Rédigeons.

Je pris une plume et du papier, et le traité fut fait et signé.

— Y a-t-il, du reste, quelque chose à prendre dans ce que vous m’apportez-là ? continuai-je en montrant le manuscrit gisant sur mon lit.

— Mais oui, dans le premier acte… Bien entendu que ce manuscrit est celui de Janin ; je ne vous ai pas apporté l’autre, qui est illisible.

— Je verrai cela après avoir écrit le mien.

— Et j’en aurai quelque chose ce soir ?

— Le premier tableau, oui.

— C’est bon ; à dix heures, Verteuil sera chez vous[2].

  1. Ce traité est encore entre les mains de M. Harel.
  2. Verteuil est le secrétaire de M. Harel.