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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

encore couché, et, après quelques paroles échangées, me demanda si j’avais lu le Musée des Familles.

Je le regardai d’un air passablement stupéfait.

— Le Musée des Familles ? lui demandai-je. Et à quel propos aurais-je lu le Musée des Familles ?

— C’est qu’il y a un article de M. Gaillardet.

— Tant mieux pour le Musée des Familles.

— Un article sur la Tour de Nesle

— Ah ! sur le drame ?

— Non, sur la tour.

— Eh bien, qu’est-ce que cela me fait ?

— C’est que, dans cet article sur la tour, M. Gaillardet parle du drame.

— Eh bien, que dit-il du drame ? Achevons.

— Il dit que c’est son meilleur drame, à lui.

— Il n’est pas dégoûté ! c’est presque un de mes meilleurs, à moi.

— Vous devriez lire cela.

— À quoi bon ?

— Parce qu’il faudrait peut-être y répondre.

— À l’article de M. Gaillardet ?

— Oui.

— Croyez-vous ?…

— Dame ! lisez.

J’appelai Louis.

Le domestique que j’avais alors s’appelait Louis ; c’était un drôle que je retrouvais de temps en temps ivre, en rentrant le soir, et qui donnait pour prétexte qu’ayant un duel le lendemain matin, il avait besoin de s’étourdir.

Je l’expédiai chez le directeur du Musée des Familles, Henry Berthoud, avec un mot par lequel je priais celui-ci de m’envoyer le numéro où se trouvait l’article de M. Gaillardet.

Louis revint avec le numéro demandé.

Voici ce que je lus :