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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» Mais comment M. Gaillardet n’a-t-il pas senti, au moins, que l’insertion de cette lettre nécessiterait de ma part une réponse, que cette réponse ne pourrait que lui être désavantageuse, et que, cherchant le ridicule avec une lanterne, il ne pouvait manquer d’être plus heureux que Diogène ? — Eh bien, cette réponse qu’il me force à lui faire, la voici :

» Je n’ai pas lu le manuscrit de M. Gaillardet ; ce manuscrit, sorti un instant des mains de M. Harel, y est rentré presque aussitôt ; car, en consentant à faire un ouvrage sur un titre et une situation connus, j’ai craint d’être influencé par un travail antérieur au mien, et de perdre ainsi, la verve qui m’était nécessaire pour achever cette œuvre.

» Maintenant, puisque M. Gaillardet trouve que le public, n’est pas encore assez au courant de cette pauvre affaire, qu’il convoque l’arbitrage de trois hommes de lettres, à son choix ; qu’il arrive devant eux, avec son manuscrit, et moi avec le mien ; ils jugeront alors de quel côté est la délicatesse, et de quel côté est l’ingratitude.

« Pour être fidèle jusqu’au bout aux conditions que je me suis bénévolement imposées, dans la lettre que j’ai écrite à M. Gaillardet, permettez-moi, monsieur le rédacteur, de ne pas plus me nommer ici que je ne l’ai fait sur l’affiche.

« L’AUTEUR du manuscrit de la Tour de Nesle. »

Dès lors, on le comprend, c’était une guerre déclarée entra M. Gaillardet et moi.